J'ai regardé l'émission Capital dimanche dernier sur M6 dont le thème était "Immigrés, clandestins, travail au noir : peut-on vraiment s'en passer ?" et j'ai trouvé les reportages vraiment passionnants. Je vous en parle aujourd'hui parce l'émission repasse ce soir à 01h15 pour ceux qui l'auraient raté. Outre un sujet sur l'immigration choisie en Espagne, j'ai surtout été sidéré par les deux premiers reportages : "Sans papiers : une main d'oeuvre en or" et "Le véritable coût d'une expulsion". Le programme était d'autant plus captivant que notre "bien-aimé" Ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement (et dire qu'on a osé appelé un Ministère ainsi... !) Brice Hortefeux était invité sur le plateau et qu'il avait bien du mal à garder son calme face à ces reportages édifiants. Un vrai plaisir de le voir malmené par Guy Lagache ;-)
Dans le premier on nous annonce qu'officiellement entre 200 000 et 400 000 immigrés clandestins vivent et travaillent en France. Mais plutôt que de présenter ces travailleurs clandestins comme des criminels, responsables de tous les maux de la France, qui volent le travail des "bons français"... Le sujet dit tout haut ce dont tout le monde se doute : cette main d'oeuvre illégale fait tourner des pans entiers de notre économie et bien que personne ne veuille l'avouer - et surtout pas le gouvernement - la France ne peut pas s'en passer ! Ces sans-papiers sont prêts à travailler dans des conditions très rudes, voire dangereuses, que personne d'autre n'accepterait. Le tout pour un salaire de misère, du moins quand il est réellement payé puisque les employeurs ne se gênent pas pour réduire en esclavage ces clandestins qui ne risquent pas de les attaquer en justice en cas de problème ! On trouve dans les métiers pénibles comme le bâtiment, le nettoyage, l'agriculture ou le gardiennage... Secteurs où 400 000 emplois ne sont pas pourvus à ce jour, probablement parce que les français n'en veulent pas. On a vu dans ce même reportage un homme qui travaillait 20 heures par jour dans un restaurant, dormait dans la réserve sur un lit pliant, et se tenait à la disposition de son patron jour et nuit pour 800 euros par mois ! Il venait d'être renvoyé parce qu'il avait eu le malheur de se casser une jambe après 7 ans de service ininterrompu !
En quelque sorte ces clandestins ne sont pas un poids pour l'économie, mais bien au contraire un "gain"... Pourquoi ? Parce que s'il y a bien un moment où l'administration française se fout de savoir si vous avez des papiers, c'est quand il s'agit de payer des impôts ! Eh oui, la plupart des clandestins payent leur impôt sur le revenu, cotisent donc pour nos caisses de retraite et notre Sécurité Sociale alors qu'ils n'y auront jamais droit ! Ca on se garde bien le dire et c'est pourtant une honte !
Deuxième sujet : le véritable coût d'une expulsion. Le gouvernement a décrété qu'il fallait mettre un terme à l'immigration clandestine et s'est même fixé un objectif de 25000 expulsions. Les journalistes ont suivi du début à la fin le processus pour reconduire à la frontière un sans-papier : arrestation, garde à vue au commissariat, interrogatoire grâce à un traducteur, visite médicale éventuelle, séjour dans un CRA (Centre de Rétention Administrative), traitement de son dossier à la préfecture, obtention d'un laissez-passer auprès de son pays d'origine, escorte manu-militari jusqu'à l'aéroport, et enfin trajet en avion accompagné d'au moins 5 policiers en civil. Et encore, c'est le cas le plus simple parce qu'il faut de plus en plus souvent recourir à un jet privé pour expulser les clandestins, pas plus de 6 par avion.
Au final, le coût par personne va atteindre au minimum 15000 euros, même 25000 euros parfois ! Et le plus marrant dans tout ça, c'est qu'apparemment seule une procédure sur 5 aboutit ! Et je ne parle même pas des clandestins qui à peine arrêtés, ont déjà prévu leur retour en France... Moralité : non seulement les clandestins sont indispensables à notre économie mais, en plus, le coût pour les expulser est exorbitant et rien ne les empêche de revenir ! Et malgré tout on continue de parler de la suppression de l'immigration clandestine comme d'une "priorité nationale" et on dépense sans compter pour expulser ces pauvres gens... L’équivalent du déficit annuel de l’assurance vieillesse : c’est le coût des expulsions réalisées par le ministère de l’Intérieur depuis 2003.
Euh... Comment dire... Je ne dis pas qu'on doit laisser des employeurs exploiter des sans-papiers mais on ne peut pas à la fois condamner l'immigration et en profiter ! Le constat est là : notre économie a un besoin que seuls les immigrés acceptent de combler, ces gens ont besoin de travail, laissons les travailler... mais dans un cadre légal. Offrons leurs des droits et non uniquement des devoirs. Et arrêtons de parler de l'immigration comme d'une plaie, ça a toujours existé, ça continuera d'exister et en plus c'est utile ! Alors plutôt que d'essayer vainement de l'endiguer (ça ne sert à rien sinon à entretenir la propagande de Sarkozy), voyons cela comme une chance et non comme un problème. On a vu dans Capital de quelle façon l'Espagne appliquait l'immigration choisie (besoins en main d'oeuvre dans certains secteurs = permis de travail à donner), il me semble que cela pourrait être un début de solution non ?
Dans le premier on nous annonce qu'officiellement entre 200 000 et 400 000 immigrés clandestins vivent et travaillent en France. Mais plutôt que de présenter ces travailleurs clandestins comme des criminels, responsables de tous les maux de la France, qui volent le travail des "bons français"... Le sujet dit tout haut ce dont tout le monde se doute : cette main d'oeuvre illégale fait tourner des pans entiers de notre économie et bien que personne ne veuille l'avouer - et surtout pas le gouvernement - la France ne peut pas s'en passer ! Ces sans-papiers sont prêts à travailler dans des conditions très rudes, voire dangereuses, que personne d'autre n'accepterait. Le tout pour un salaire de misère, du moins quand il est réellement payé puisque les employeurs ne se gênent pas pour réduire en esclavage ces clandestins qui ne risquent pas de les attaquer en justice en cas de problème ! On trouve dans les métiers pénibles comme le bâtiment, le nettoyage, l'agriculture ou le gardiennage... Secteurs où 400 000 emplois ne sont pas pourvus à ce jour, probablement parce que les français n'en veulent pas. On a vu dans ce même reportage un homme qui travaillait 20 heures par jour dans un restaurant, dormait dans la réserve sur un lit pliant, et se tenait à la disposition de son patron jour et nuit pour 800 euros par mois ! Il venait d'être renvoyé parce qu'il avait eu le malheur de se casser une jambe après 7 ans de service ininterrompu !
En quelque sorte ces clandestins ne sont pas un poids pour l'économie, mais bien au contraire un "gain"... Pourquoi ? Parce que s'il y a bien un moment où l'administration française se fout de savoir si vous avez des papiers, c'est quand il s'agit de payer des impôts ! Eh oui, la plupart des clandestins payent leur impôt sur le revenu, cotisent donc pour nos caisses de retraite et notre Sécurité Sociale alors qu'ils n'y auront jamais droit ! Ca on se garde bien le dire et c'est pourtant une honte !
Deuxième sujet : le véritable coût d'une expulsion. Le gouvernement a décrété qu'il fallait mettre un terme à l'immigration clandestine et s'est même fixé un objectif de 25000 expulsions. Les journalistes ont suivi du début à la fin le processus pour reconduire à la frontière un sans-papier : arrestation, garde à vue au commissariat, interrogatoire grâce à un traducteur, visite médicale éventuelle, séjour dans un CRA (Centre de Rétention Administrative), traitement de son dossier à la préfecture, obtention d'un laissez-passer auprès de son pays d'origine, escorte manu-militari jusqu'à l'aéroport, et enfin trajet en avion accompagné d'au moins 5 policiers en civil. Et encore, c'est le cas le plus simple parce qu'il faut de plus en plus souvent recourir à un jet privé pour expulser les clandestins, pas plus de 6 par avion.
Au final, le coût par personne va atteindre au minimum 15000 euros, même 25000 euros parfois ! Et le plus marrant dans tout ça, c'est qu'apparemment seule une procédure sur 5 aboutit ! Et je ne parle même pas des clandestins qui à peine arrêtés, ont déjà prévu leur retour en France... Moralité : non seulement les clandestins sont indispensables à notre économie mais, en plus, le coût pour les expulser est exorbitant et rien ne les empêche de revenir ! Et malgré tout on continue de parler de la suppression de l'immigration clandestine comme d'une "priorité nationale" et on dépense sans compter pour expulser ces pauvres gens... L’équivalent du déficit annuel de l’assurance vieillesse : c’est le coût des expulsions réalisées par le ministère de l’Intérieur depuis 2003.
Euh... Comment dire... Je ne dis pas qu'on doit laisser des employeurs exploiter des sans-papiers mais on ne peut pas à la fois condamner l'immigration et en profiter ! Le constat est là : notre économie a un besoin que seuls les immigrés acceptent de combler, ces gens ont besoin de travail, laissons les travailler... mais dans un cadre légal. Offrons leurs des droits et non uniquement des devoirs. Et arrêtons de parler de l'immigration comme d'une plaie, ça a toujours existé, ça continuera d'exister et en plus c'est utile ! Alors plutôt que d'essayer vainement de l'endiguer (ça ne sert à rien sinon à entretenir la propagande de Sarkozy), voyons cela comme une chance et non comme un problème. On a vu dans Capital de quelle façon l'Espagne appliquait l'immigration choisie (besoins en main d'oeuvre dans certains secteurs = permis de travail à donner), il me semble que cela pourrait être un début de solution non ?
8 commentaires:
on est pas toujours d'accord mais là c'est no comment....
Attention à ne pas confondre, sujet n°1 : un clandestin non déclaré comme travailleur ne cotise pas, il ne paie doncrien pour le chômage ou l'Assurance Maladie !
En dehors de ça, sujet bien expliqué, bel article.
on a vu la même émission tu as très bien rédigé la chose ...le nain grincheux est bien plus occupé à atteindre son cota de 25 000 expulsions qu'a trouver des solutions !!!
sur ce bonne journée
ça donne envie de voir l'émission.
100% d'accord avec toi sur l'arrêt de l'hypocrisie vis-à-vis des clandestins. Maintenant ce qui est malheureux c'est que si faisions ce que tu proposes (qui paraît le plus raisonnable), il y aura toujours plus d'africains prêts à tout pour vivre en Europe que de places prévues par les quotas, et ça mettra beaucoup de temps à changer.
"il y aura toujours plus d'africains prêts à tout pour vivre en Europe "
Avec Seb, bonjour les almagames! Même s'il y a certainement une majorité de clandestins africians, il n'y a pas qu'eux. Tu l'aurais compris en voyant le reportage. Alors attention à ce que tu dis.
Et puis aujourd'hui, le nouveau problème avec l'immigration, ce ne sont pas ces clandestins, quoiqu'en dise Nicolas Sarkozy et comme tuy l'expliques si bien dans ton article Edwwod, mais les gens de l'Europe de l'Est, type ROM, qui ont le droit de venir en France puisqu'européen mais qui n'ont pas les moyens de vivre ici. c'est là le véritable problème aujourd'hui.
J'avoue que je n'avais poussé la réflexion jusque là mais c'est sûr que plus l'Union Européenne s'étend, plus elle absorbe des pays au niveau de vie sensiblement différent du notre... Ca serait se leurer que de croire que le décalage qui existe avec la Roumanie, la Pologne ou la Lettonie va se résorber tout seul et ne pas engendrer une hausse des flux migratoires. C'est le genre de réflexion qui aurait eu son importance quand on parlait d'intégrer la Turquie par exemple...
La manière dont c'est traité ici en Australie c'est de faire une "skill based migration" migration basé sur les compétences. Le Ministère de l'Immigration définit une liste de métiers/compétences qu'ils souhaitent faire venir et les migrants pouvant démontrer leurs compétences dans ce domaine sont "favorisés" pour obtenir les visas. A cote de ca cela necessite bien sur d'être très strict sur les illégaux, ce qu'ils font à merveille bien sur.
Petit message à caractère informatif : j'ai intitulé cet article "Voir l'immigration clandestine comme une chance" quand je l'ai soumis aux digg-likes (Scoopeo et Blogasty en l'occurence). Bilan ? J'ai jamais eu aussi peu de votes... No comment.
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