Par cette matinée pluvieuse (bah oui encore, c'est pas la peine d'en rajouter hein), j'ai envie de parler d'une journée estivale qui est gravée dans ma mémoire : la virée à Crécy-en-Ponthieu ! C'était un samedi ensoleillé, nous avions décidé (Kevin et moi) de nous lancer à l'aventure et d'aller là où le destin nous guiderait. Ni une ni deux, nous prenons une carte et un doigt (solidaire d'un corps malgré tout, je vous rassure) et laissons faire le hasard. La première tentative amène le fameux doigt (fameux en ce qu'il a une place importante dans notre histoire, et non fameux dans le sens où il aurait servi à signer l'Edit de Nantes) sur Lisbourg... pas désespérés au point d'aller nous perdre dans un village aussi "rural", nous décidons de retenter notre chance. La deuxième sera la bonne : le doigt s'arrête sur une petite ville, dans un coin verdoyant de la Somme : Crécy-en-Ponthieu (avec un nom pareil ça ne peut être qu'un coin touristique non ?).
Allez hop dans la voiture, après 40 minutes de route, nous v'là arrivés dans une "charmante" petite bourgade. Un centre-ville, c'est-à-dire une petite place avec un truc à moitié en ruine au milieu, nous acceuille... Ils appellent ça la "lanterne des morts", une ancienne croix du Bourg qui date de 1189. Nous apprenons que cette ville a été témoin d'une grande bataille historique : la première bataille de la Guerre de 100 ans, entre les Français et les Anglais, le 26 août 1346 !
Premier affrontement terrestre, première défaite surprise et cuisante des troupes de Philippe VI de Valois, face à celles d’Edouard III d’Angleterre, Crécy est à la fois une leçon de tactique militaire et le symbole d’un changement d’époque.Passage à l'office de tourisme, et direction le champ de bataille (je vous laisse imaginer notre excitation à l'idée de marcher sur les pas des troupes de ce bon vieux Philippe). En fait il ne reste rien du champ de bataille, il n'y a que des champs de blé... Nous n'en restons pas là : une tour panoramique se dresse fièrement (cf photo), nous prenons notre courage à deux mains et décidons d'y monter... mais la mairie en a interdit l'accès parce que le bois de l'escalier est à moitié pourri :-( Jusque là, on a vu mieux comme excursion, je vous le concède, mais nous n'en sommes pas restés là !
Nous étions sur la route pour repartir quand nous avons vu un panneau "musée", ouais cool ouuuuh ! Quelle occasion extraordinaire de se cultiver ! D'en apprendre plus sur cette bataille et la vie de Crécy-en-Ponthieu (enfin c'est ce que Kevin aurait du dire ayant fait des études d'histoire, en réalité ça ressemblait plus à "ouep on y rentre, de toute façon, y'a rien d'autre à voir dans c'te patelin de brin") ! Alors voilà, je fais un dérapage dans le gravier avec ma 206 et zouh, on part dans le musée. D'extérieur cela ressemblait plus à un mix entre une école délabrée et une fermette, nous nous introduisons dans la cour et sommes aussitôt accostés par un gentil monsieur (les joues bien rouges, un croisement entre Patrice Benguigui et votre cousin lointain qui tient une ferme dans le Larzac) qui semble jouir en nous voyant (non non le mot n'est pas trop fort !) et se fait une joie de nous faire visiter les lieux. Il semblerait qu'il n'y ait pas souvent de visiteurs dans ce musée communal... étrange...
Nous entrons dans le Musée, voici ce que nous y avons vu (écoutez bien car peu en sont revenus... ou peu y sont allé, je sais plus) :
- Tout d'abord un grand couloir aux murs défraichis, une petite odeur de renfermé, et des vitrines avec des cailloux... J'ai pas pu m'empêcher d'éclater des rires quand notre guide a commencé les commentaires sur les "fossiles"... Je suis sorti pour me calmer, il m'a suivi et j'ai du dire que j'étais sorti pour admirer la girouette de l'église. Mauvaise idée : il m'a parlé un quart d'heure de cette - putain de - girouette et a tenu à me montrer la précédente, carbonisée par la foudre et exposée dans le musée. Passionnant.
- Suite du couloir : une petite mise en scène digne d'un spectacle de Kamel Ouali, une vitrine avec au fond un décor d'aquarium, des stickers blancs et un néon de lumière noire... Toujours à se retenir de rire... et Kevin qui demande des détails à notre cher guide !
- Arrivée dans la première salle ! Apparemment une ancienne salle de classe, la peinture verdâtre fait des cloques... Des dizaines de vitrines et de présentoirs (Colgate, Vendôme, L'Oréal...) sont dispersés et contiennent des morceaux de poteries, des cailloux (quand on aime !), des maquettes même parfois. La forme est vraiment tristounette, mais il faut avouer qu'il y a du fond.
- Enfin la deuxième salle, le bouquet final ! Une salle consacrée à la Seconde Guerre Mondiale : une reconstitution nous acceuille (du sable, un mannequin habillé en soldat, des obus). Petit mot d'humour de notre guide : "Eh eh, les obus ils sont plus chargés hein ! Faut pas avoir peur !" puis nous poursuivons pour voir le clou du pestacle (j'écris spectacle comme j'ai envie d'abord) : la girouette de l'église... Quelle extase ! Quelle paix intérieure que je ne saurais vous décrire autrement qu'en comparant cela à un orgasme de none ayant changé de vocation après 30 ans dans les ordres.
Ajout du 10 Mars 2008 : A la demande des bénévoles en charge du musée de Crécy-en-Ponthieu, je vous informe que depuis que cet article a été écrit (il y a déjà plus de deux ans !) un gros effort a été fait pour rafraîchir le musée et ses collections. Je ne pensais pas que cet article puisse faire fuir les éventuels visiteurs mais il semblerait qu'il apparaisse en bonne position dans Google... Je rappelle que ce n'est qu'un récit quelque peu romancé et un avis purement personnel. Je vous invite à aller à Crécy-en-Ponthieu et à vous faire votre propre idée, les bénévoles de l'association d'archéologie EmHisArc vous accueilleront avec plaisir, je n'en doute pas. Si j'ai oublié de le dire, je le rappelle : nous avions tout de même passé un excellent après-midi à Crécy, c'est un charmant village en pleine campagne et les férus d'histoire y apprendront plein de choses.
6 commentaires:
arrête de te moquer de la somme! c'est beau la somme, quand tu n'y habite pas bien sur!
boubou
Restons dans l’anonymat, c’est ce qui fait tout le charme de ces blagues (pardon, vous causez étranger et dites Blog), destinées à faire rire 3 copains et dont le monde entier peut se gausser (pour combien de temps encore, la vôtre ?). Si vous êtes fair-play, reprenez votre 206 (et Kevin, bien qu’il semble avoir l’esprit un peu mal tourné) et revenez à Crécy. Il y avait un fond de vérité dans votre compte-rendu de visite, mais vous constaterez que quelques changements sont intervenus. Vous serez reçu par le personnage que vous décrivez de manière si aimable (c’est un être humain, qui pourrait être tombé sur votre message, y avez-vous songé ?), mais comme nous ne lui avons pas fait connaître votre prose, il vous tendra encore la main, au lieu de faire ce que vous mériteriez, c'est-à-dire lever le pied... Merci de bien vouloir faire disparaître ce texte vraiment dépassé et si vous vous faites connaître (écrivez au « Président de l’association Em.His.Arc 80150 », tout simplement) on vous conduira pour une visite détaillée du champ de bataille (en quoi voulez-vous qu’un champ de bataille se distingue a priori d’un champ ordinaire, ce n’est pas Verdun) avec les commentaires circonstanciés vous permettant d’y distinguer pourtant bien des détails significatifs. Et c’est vous qui tendrez la main, nous espérons, avant de rédiger un inoubliable dithyrambe à l’usage du monde entier. L’équipe EmHisArc.
Chère équipe EmHisArc, désolé s'ai pu vous causer du tort, ce n'était nullement mon intention. Je trouve dommage de supprimer cet article puisque c'était pour moi la stricte vérité en 2005 mais vous trouverez un erratum pondérant mes propos et invitant les touristes à vous rendre visite.
PS : Je n'ai plus de 206 mais je tenterais peut-être une contre-visite cet été. Merci de l'invitation. J'espère que la tour panoramique a été réparée cependant, c'était notre plus grand regret de n'avoir pu y grimper :-(
Le cas est quasiment cornélien et votre conscience doit en souffrir. Vous regrettez que votre article puisse éventuellement nous faire de la contre-publicité, mais vous ne pouvez pas le retirer, puisque c’est la devanture de votre boutique internautique. Il nous semble qu’un moyen existe de résoudre ce cruel dilemme : faites donc part à vos fidèles lecteurs de ce qu’ils trouveront à Crécy, en attendant votre visite.
La tour est de nouveau accessible (en attendant de nouvelles dégradations ?) et chacun peut avoir une vue d’ensemble du champ de bataille. Mais, de fait, l’escalade est de faible utilité si l’on n’a pas préalablement pris des renseignements au « Musée » (il s’agit à proprement parler d’un « centre d’interprétation » puisque qu’aucun objet ne nous est parvenu), ouvert jusqu’en octobre inclus (sauf jours fériés), du mercredi au dimanche, de 10 à 12h30 et de 14 à 18h30. Les horaires d’hiver seront communiqués plus tard.
Pour l’instant, la collection archéologique qui a fait l’objet de vos sarcasmes est dans les réserves et seules 2 salles sont ouvertes.
Une salle est consacrée à la bataille de 1346. On y observe une maquette du terrain, environnée de panneaux évoquant le contexte historique et mettant l’accent sur ce qui mérite vraiment d’être regardé pour tenter de comprendre le combat, et son issue en principe si peu prévisible.
Une salle est consacrée aux V1 de 1944, leurs bases de lancement locales et les effets de ces bombes, directs (sur l’Angleterre) et en retour (sur les villages environnant ces bases, par suite des bombardements alliés).
A bientôt, on vous tendra encore la main ... L’équipe EmHisArc.
C'est vrai que ce musée à beaucoup changé. La nouvelle équipe s'investit énormément bénévolement pour faire des anciennes bâtisse un lieu culturel enrichissant pour tous les férus d'histoire !
J'invite donc toute personne passant à Crécy à venir découvrir son histoire.
Et vive Crécy !
Bonne route à tous !
Bonjour, c'est Jean-Marie dit Hardi de Boussicourt, j'ai bien aimé le visuel du champ de bataille et le musée de Crécy, c'est le seul musée bilingue qui présente dans un espace restreint nos deux cultures anciennes du royaume de France et de Grande Bretagne séparées jadis par des querelles de familles royales. Ne pas oublier que nous sommes tous à l'origine des peuples Celtes, des Normands, des Viking. Respectons profondément le fait que le sang royal de Grande Bretagne ait aussi du sang français ( Outre Richard Coeur de Lion, l'aïeule de Diana, la duchesse de Porsmouth vers 1710 était bretonne) Nous avons la chance exceptionnelle d'avoir P. Preyston en France et ses bénévoles. Honneur à leur équipe pédagogique et nous avons de grandes choses à faire ensemble en France et en Grande Bretagne. Je suis médiéviste bucolique, et je fais peindre aux enfants et aux adolescents des blasons de chevalier avec des pochoirs sur des tranchoirs en bois de bouleau, partout où on me demande et au village médiéval de Carisiolas toute l'année.http://assoc.pagespro-orange.fr/JeanmarieA.Moreau/Galerie_1.html Bien cordialement à tous.
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