21 novembre 2006

Londres-Bombay au Fresnoy

Après un mercredi midi passé comme à l'habitude au bowling (je ne m'étendrais pas sur mon score vu que j'ai joué comme un pied à cause d'une foulure du petit doigt, vous pouvez vous moquer !), j'ai enfin pu organiser une petite sortie au Fresnoy jeudi dernier. C'était en même temps l'occasion de faire d'une pierre trois coups ! Tout d'abord parce que j'adore l'architecture de cette ancienne salle des fêtes populaire devenue aujourd'hui le Studio national des arts contemporains. Le Fresnoy a connu son age d'or entre 1905 et 1984 lorsque les ouvriers et leurs familles s'y retrouvaient le dimanche pour danser la polka, voir des films, siffler les catcheurs ou patiner. On comptait jusqu'à 6000 spectateurs par dimanche mais les choses changent dès 1970 avec la fermeture des usines textiles, le développement des centres commerciaux à l'extérieur de la ville et la disparition des boutiques de quartier. Le lieu est chargé d'histoire et aussi bien l'aspect extérieur ultra moderne que l'intérieur offrant des volumes impressionnants et des poutres du siècle dernier me séduisent. Je ne savais pas ce qu'était ce lieu à l'origine et pourtant en marchant sur le plancher usé du balcon ceinturant la grande nef, j'ai cru entendre des rires et de la musique, si bien que je ressortais convaincu que ces murs dégoulinaient de bonne humeur.


A partir de ce symbole d'une façon de vivre en société passée (et c'est une époque que bien des tourquennois doivent regretter), l'architecte Bernard Tschumi a construit, à l'initiative d'Alain Fleischer (directeur du Fresnoy) une école d'un nouveau genre - un laboratoire d'expérimentations artistiques unique en Europe - dans un bâtiment de conception très originale. Le chantier de réhabilitation commencera à la fin des années 80 pour réoffrir les lieux au public en 1998. Je ne peux m'empêcher de faire un lien avec la Piscine de Roubaix qui elle aussi était un lieu populaire qui a su garder son âme et trouver une seconde jeunesse après une transformation habile et des plus esthétiques.

Pour en revenir au Fresnoy, je trouve géniale l'idée de ce toit métallique qui surplombe l'ensemble de l'ancien édifice et permet de créer entre l'ancien et le nouveau toit un niveau ouvert intermédiaire, véritable enchevétrement de passerelles, terrasses et escaliers suspendus. C'est d'ailleurs à ce niveau que se trouve le restaurant Le Festival où nous avons déjeuné : un cadre sympathique, des serveurs agréables, une cuisine fine (et bon marché car la formule est à 12 euros), le tout dans une ambiance un peu bobo et très agréable. Un café plus tard, nous voilà dans l'exposition "Londres Bombay, Victoria Terminus" de Patrick Keiller, présentée dans le cadre de Lille 3000. L'idée est de reconstituer en images la Victoria Terminus Railway station, gare de Bombay où circulent plus de deux millions de personnes par jour, et il faut dire que le Fresnoy s'y prête très bien !

Plongé au milieu de ces tranches de vie et l'ambiance dans les oreilles, on s'y croirait, on s'abandonne et on se surprend à être surpris par un indien qui semble nous fixer ! Sensation d'autant plus étrange quand on déambule sur le balcon, offrant une nouvelle vue sur l'exposition mais aussi un souvenir des origines festives et populaires du Fresnoy... Curieux mélange ! On perçoit aussi bien l'influence architecturale britannique qu'indienne dans le style inimitable de cette gare classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Dans une plus petite salle - tout est relatif - on peut découvrir des images de Londres au siècle dernier. On perçoit bien les similitudes entre Londres et Bombay, l'on comprend que cela résulte d’impératifs économiques communs et que Bombay suit le même cheminement et passe surement aujourd'hui par les mêmes problèmes que la capitale du Royaume-Uni en son temps.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Quand j'ai visité le Fresnoy pendant le voyage de presse, je suis littéralement tombé amoureux de cette expo...

Avec la métamorphose Eglise Ste Marie Madeleine, c'est l'une des choses les plus époustouflantes à voir pendant ces trois mois de Lille3000 !

Homer a dit…

c'est quoi une ambiance bobo??

edwoodjr a dit…

Le terme bobo est la contraction de bourgeois-bohème. Inventé par le journaliste américain David Brooks en 2000 dans le livre Bobos in Paradise, ce concept assez flou et, de l'aveu de l'auteur, sans valeur scientifique, désigne une catégorie socio-professionnelle aisée, progressiste, de métiers fortement intellectuels (enseignement, par exemple), habitant des grands centres urbains, souvent dans des quartiers autrefois populaires et se distinguant par son mode de consommation (logement, alimentation, loisirs).

Le terme a pris en France une valeur plutôt péjorative, désignant un type de conformisme : des personnes aisées, parisiennes et parisianites, bien pensantes, de sympathies allant plutôt à la gauche écologiste, ayant de l'affection pour la figure du révolté (Che Guevara, mai 68).

Dans cette optique, on relève la « facilité » entre la « vie bohème » (ne pas se soucier du lendemain, d'argent ni de sécurité) et la position bourgeoise, qui l'offre matériellement.

Source : Wikipédia