22 février 2006

Se souvenir des belles choses

Il y a des jours comme ça où l’on a la nostalgie de tout, il m’arrive parfois de repenser à des instants, ou des époques plus clémentes. Le simple fait de sentir un parfum, de manger un gâteau, de me retrouver dans une situation précise ou d’entendre un mot et tout me revient. Certains - la plupart - de ces souvenirs sont insignifiants, ils n’ont rien de bien extraordinaire en soi, mais bizarrement sont restés marqués et je ne sais pas quelle en est la raison. Tiens ça me donne envie de lire ce fameux bouquin de Proust où il parle des madeleines de son enfance, A la recherche du temps perdu je crois. Eh bien mes madeleines à moi étaient des tartines de Nutella, et pas n’importe lesquelles ! Des tartines de Nutella qui sentent le persil ! Eh oui messieurs dames, vous entendez bien ! Du persil ! Tout ça parce que le beurre était posé sur une étagère à l’entrée de la cave et que des bouquets de persil s’y trouvaient bien souvent aussi, mon grand père me faisait ma tartine avec ce beurre et naturellement il avait un tout petit peu le goût de persil et cela donnait des tartines assez spéciales ! Je me rappelle aussi quand il ramenait un morceau de gâteau de riz de la boulangerie, un morceau en triangle parsemé de raisins secs, le tout à l’apparence peu flatteuse mais tellement bon. Il sentait à travers le papier du petit paquet aux coins enroulés du bout des doigts, comme des nattes, je le gardais dans la main comme un bien précieux dans la voiture en attendant d’arriver à bon port et de pouvoir le manger, bien souvent accompagné d’un verre de cidre, dans la cuisine – la pièce à vivre chez mes grands-parents paternels – tandis que mon grand-père fumerait, encore et inlassablement (il ne mourra même pas du tabac en définitive).

Plus récemment, je me rappelle très bien d’un soir de semaine, il y a de ça environ cinq ans puisque j’étais encore en DUT, dans mon studio à Calais où une fine pluie tombait sans discontinuer sur les toits aux tuiles oranges. Mon studio étant juste en dessous de la toiture (pour mon plus grand plaisir car j’adore les pièces mansardées), je l’entendais très bien frapper timidement les tuiles et dans mes 25 m² faits de moquette et de poutres apparentes, je me sentais bien. Ce soir là comme beaucoup d’autres en ce temps là, je n’avais rien de spécial à faire et après avoir passé un peu de temps sur internet, je m’étais retrouvé sur mon lit à regarder la télé, un vieux film, un péplum dont je ne retrouve pas le nom. Je n’avais pas gardé les yeux ouverts bien longtemps et m’étais vite endormi en laissant tout allumé, tandis que la pluie continuait de tomber, enfin… de me bercer. Les voisins étaient étonnamment calmes et les dernières voitures finissaient de remplir ce petit parking en gravier que j’apercevais depuis mon velux au troisième étage de mon immeuble Rue Auber, tout près du théâtre de Calais, en plein centre-ville. Je me suis réveillé, le film était fini, il était 3 heures du matin, je ne sais pas pourquoi mais je me suis senti bien à un point qu’on ne connaît que rarement. La situation était idéale, presque irréelle en ce que l’instant resta coincé à jamais dans ce laps de temps durant lequel on ne sait distinguer rêve et réalité, et bien que rien d’étonnant ne se passa ce soir là, cet "instant" reste un souvenir apaisant et très fort sans que je ne sache pourquoi.

Je me rappelle aussi d’un autre soir, j’étais beaucoup plus jeune. C’était un samedi soir chez mes parents, on faisait une fondue et je regardais en même temps "Samedynamite" sur FR3 (eh oui les petits jeunots, ça s’appelait encore comme ça !), une excellente émission pour enfants avec le dessin animé star de l’époque : Denver le dernier dinosaure, et un autre truc dont je ne me rappelle plus le nom mais dans lequel il y avait la "grande crado" ! Il suffit que je ferme les yeux pour m’y retrouver, j’ai l’impression que c’était hier. Encore une fois, c’était une soirée toute ordinaire, mais c’est de celle-là dont je me souviens. De la même manière, un midi où je revenais de l’école primaire et où je déjeunais avec mes grands-parents et mon père à la même table est resté gravé, je crois que c’est parce que ce fut la seule époque où nous étions rassemblé pour manger le midi et qu’après mon père ne travaillait plus sur place et que moi je mangeais à la cantine. Des souvenirs idiots comme ça, j’en ai quelques uns, ce ne sont même pas de grands évènements mais juste des petites choses, ces détails qu’on pourrait rassembler et réunir dans Amélie Poulain. Il n’y a pas non plus que des souvenirs positifs, mais des années plus tard ces mauvais souvenirs semblent bien dérisoires, il n’ont eu aucune conséquence et pourtant je regretterai toujours d’avoir fait ou dit ces choses. Les belles choses, tout comme les mauvaises, s’accrochent. PS : Ca vous a pas donné faim toutes ces madeleines ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Faim, non... Par contre "Calais", "Denver le dernier Dinosaure"....

Mon dieu !

pakosann a dit…

Moi tu m'as donné fin! Quoi que... Les tartines au persil ça ne doit pas être le top...

Anonyme a dit…

LoL! moi non tu m'as pas donné faim!

Par contre tu viens de me ressasser de vieux souvenirs d'antan à moi aussi: denver le dernier dinosaure, c'est mon ami et bien plus encore..halala !!
et la grande crado, je crois que ca s'appelait Fraggle Rock le dessin animé nan?? (c'etait un peu a la muppet show).

'Lex ^^